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William Shuman et la Nuit Blanche messine, une histoire qui dure depuis 3 ans

à 10:47:00, 03.08.2011

A huit semaines de la Nuit Blanche à Metz, qui aura lieu le 30 septembre 2011, William Schuman, conseiller municipal en charge de la manifestation, ouvre à la Plume Culturelle les portes de son bureau à l’Hôtel de Ville. L’élu souhaite apporter des précisions face aux critiques en même temps que son point de vue sur l’évolution de l’évènement culturel depuis son lancement en 2008. Mais également sur le rayonnement de la Nuit Blanche au-delà de la capitale messine. La Plume Culturelle : Depuis le lancement de la Nuit Blanche à Metz, comment expliquez-vous le nombre important de détracteurs qui fustigent la manifestation ? William Schumann : Je suis toujours partant pour discuter de ces questions concernant les détracteurs. Il n’y en a pas tant que ça. Certes, il y a l’opposition municipale, qui s’oppose sur pratiquement tout, d’une façon injuste, que ce soit sur la Nuit Blanche ou sur le Mettis, mais elle joue son rôle qui demeure légitime. Il est important cependant de dire qu’il existe beaucoup de forces vives qui soutiennent ardemment la Nuit Blanche, comme le monde économique qui a apporté cent quatre mille cinq cents euros de cash pour l’édition 2010. Encore une fois, du rarement fait, voire du jamais fait dans un tel évènement public. Et puis on compte tout de même plus de cent mille personnes dans la rue durant la manifestation, ce n'est pas rien. A titre personnel, je connais des amis qui n’aiment pas l’évènement, ainsi que des journalistes, qui ne sont allés à aucune des éditions. Peut-être iront-ils en septembre prochain ? Ce qu’il y a d’extraordinaire dans un événement de ce genre, c'est qu'on parle assez souvent de quelque chose qu’on ne connaît que par ouïe-dire ou par le retour médiatique. Donc sans aucune connaissance concrète et immédiate du sujet. D’ailleurs, les critiques de tous bords concernant la Nuit Blanche ont toujours porté sur le coût, jamais sur le contenu ! Bien au contraire, j'ai toujours entendu dire :  « Ah que c’est beau, ah que c’est bien, ah que c’est intéressant… » LPC : Alors pourquoi la manifestation suscite-t-elle autant d’attention de la part des politiques ? WS : Parce qu'est marquée ainsi, sans tomber dans les extrêmes, une réelle rupture entre un avant et un après (ndlr : arrivée de la gauche à la mairie de Metz avec Dominique Gros en mars 2008, après 37 ans de mandature de Jean-Marie Rausch, divers droite). Au conseil municipal de mai dernier, Patrick Thil a défendu son bilan culturel (ndlr : il a été le dernier adjoint à la culture sous le précédent mandat de Jean-Marie Rausch). Je n’ai pas voulu surenchérir et polémiquer, car j’aurais pu être bien plus sévère ce soir-là. Ce qu'il est intéressant de souligner, c'est que la Nuit Blanche se révèle comme le marqueur d’un certain changement à Metz. L'événement opère également un déplacement dans l’imaginaire, on comprend donc qu'il soit lié aussi à l’idée d’une dépense éphémère. Prenons l’exemple du feu d’artifice. Il dure une demi-heure et coûte entre trente et quarante mille euros. Pour autant, on ne se pose pas la question entre la durée de la manifestation et le coût occasionné. Alors qu’avec la Nuit Blanche, au contraire, on met en relation le budget et le côté ponctuel de l'évènement. Pourtant, sa mise en place représente un énorme travail effectué en amont et sur le terrain par les artistes qui ont vocation à produire des Å“uvres qui ne sont pas pérennes. Dans cette optique, NB entre en phase avec une grande composante de l’art contemporain, la performance. C'est-à-dire un certain rapport de l'art avec le temps. Alors c'est peut-être aussi cela, ce rapport avec le temps, la joie, le plaisir, la dépense, l’argent, qui échauffe les esprits. LPC :  La Nuit Blanche constitue-t-elle une nécessité culturelle, alors que Metz a déjà le Centre Pompidou-Metz, haut-lieu d’art contemporain, qui existe depuis l'année dernière ? WS : Évidemment. La Nuit Blanche a trouvé son sens par elle-même. Posez-vous la question : qu'y aurait-il en terme de création contemporaine pour être en phase sur du moyen et long terme avec le Centre Pompidou-Metz, si l’évènement culturel n’existait pas ? Réponse… rien ! C’est ce que j’ai voulu dire, lors de la conférence de presse de présentation de la quatrième édition de la Nuit Blanche, d’une façon forte, abrupte, mais c’est cela le jeu politique. Il n’y avait rien avant à Metz. Quand je suis arrivé aux affaires, il me semblait étonnant que rien n’accompagne la nouvelle structure dès sa naissance. J'ai cherché dans les cartons de l’ancienne municipalité s’il existait des projets. Aucune stratégie politique culturelle alors sur le sujet ! Et puis, je crois qu’il ne faut pas abandonner la création contemporaine uniquement à cette prestigieuse institution. Il faut être en phase et dialoguer avec ses acteurs qui sont, comme le centre Pompidou de Paris, très présents à la Nuit Blanche messine.  LPC : Et si vous aviez mis en place un évènement culturel plus messin au lieu d'une réplique de ce qui se fait à Paris, cela n’aurait-il pas changé la donne concernant les critiques ? WS : Oui sûrement. D’ailleurs, une amie me disait que s’il n’y avait pas eu la Nuit Blanche à Paris, ‘‘jamais vous auriez eu l’idée d’en faire une à Metz’’. C’est absolument recevable. Cela dit, tout le monde comprend que la Nuit Blanche messine a lieu à Metz et est mise en place par des Messins dans une géographie qui est la nôtre avec des artistes locaux. Vous savez que le concept parisien a été repris par une quarantaine de villes dans le monde. A Rome par exemple, quand la municipalité a basculé à droite, elle ne s'est pas posé la question de savoir si l'inspiration venait de Paris ou d'ailleurs. Il n’y a qu’à Metz que cela soulève des interrogations. Peut-être est-ce une spécificité locale ! Pour ma part je crois que réapparaît ce vieux clivage entre la « France de l’intérieur » et la « France de l’extérieur », sous-tendu par le concordat et l’histoire de notre ville, on n'aime peut-être pas un certain type de manifestation. Je pense aussi qu’il existe une peur des jeunes, c’est une évidence. On entend dire que la Nuit Blanche, c’est une nuit où on boit, alors que, encore une fois, nous subissons simplement les conséquences d'un phénomène de société. Il suffit de comparer avec d’autres évènements. Et puis ce n’est pas parce que le Centre Pompidou a ouvert il y a un an que cela suffit pour que tous adhèrent à la création contemporaine.  LPC : Justement, que propose le Centre Pompidou-Metz pour cette quatrième édition de la Nuit Blanche ? WS : Laurent Lebon, son directeur, a émis le souhait d’inscrire une programmation in situ en proposant au public des coproductions entre le Centre Pompidou-Metz et la Nuit Blanche. Vous verrez, ce sera très intéressant, notamment le travail avec la ferme du buisson. Mais je ne peux pas vous en dire davantage pour l’instant. LPC : Justement que propose le Centre Pompidou-Metz pour cette quatrième édition de la Nuit Blanche ? WS : Il y a une volonté de son directeur, Laurent Lebon, d’avoir une programmation in situ sur ses propres lieux et de proposer au public des coproductions entre le Centre Pompidou-Metz et la Nuit Blanche. Vous verrez cela sera très intéressant dont notamment le travail avec la ferme du buisson. Mais je ne peux pas vous en dire plus pour l’instant. LPC : Afin de tenter de rassembler le public, détracteurs de tous bords et artistes, qu’avez-vous prévu pour cette Nuit blanche ? WS : Bien que les détracteurs soient nécessaires, il faut comprendre que l’évènement de la Nuit Blanche fait parler de Metz bien au-delà de la Moselle. On ne s’en rend pas bien compte, à mon avis. Comme je circule un peu partout je rencontre des directeurs d’institutions admiratifs de la manifestation, qui estiment que nous effectuons un travail assez exemplaire. D’ailleurs pour la quatrième édition, nous recevrons l’un des artistes en résidence à la villa Médicis. Un gage de sérieux pour Metz, car Rome n’aurait pas envoyé un de ses artistes si notre ville ne présentait pas un intérêt certain, ne serait-ce que par la qualité artistique. A mon sens, il est toujours bon de prendre aussi en compte les bons avis quand ils sont justifiés. D’une part, c'est une trentaine d’évènements qui seront présentés, et non plus soixante-dix comme les années précédentes. Ce n'est pas que je regrette d’en avoir proposé davantage dans les trois premières éditions, mais il a fallu en passer par là car le budget pour la Nuit Blanche a été réduit (ndlr : 250 000 euros pour la ville de Metz, 50 000 euros pour Metz Métropole, 40 000 euros pour la Région Lorraine, 50 000 euros consacrés à la communication et environ 100 000 euros issus des mécénats). D’autre part, les églises de la ville seront ouvertes, par exemple celles de Saint-Maximin ou de Saint-Eucaire, avec une programmation proposée par les paroisses. C'est une excellente initiative de leur part de participer à l’évènement. Enfin, davantage d’artistes messins et d’associations culturelles locales ont été sollicités. LPC : Pensez-vous qu’en 2012, la Nuit Blanche verra une cinquième édition ? WS : La réponse à cette question relève plutôt de l’autorité du maire, et je n’ai rien à en dire. Vous avez entendu les propos d’Antoine Fonté lors de la conférence de presse pour présenter la Nuit Blanche de 2011, a priori, l'année prochaine, ça continue. Maintenant à titre personnel, si la Nuit Blanche doit s’arrêter, je continuerai mes autres activités. Mon existence ne tourne pas uniquement autour de cette manifestation même si je la gère avec plaisir et bonheur. Et puis, j’ai une nouvelle occupation passionnante puisque je suis délégué au rayonnement artistique dans les quartiers où les jeunes et les personnes âgées se côtoient dans des résidences. Je trouve ce challenge passionnant. Voyez que je n'ai pas le temps de m’ennuyer. Contact et renseignements : Nuit Blanche-Metz Hôtel de Ville - 1 Place d’Armes - 57000 Metz   Tel. : 03.87.55.51.73 - site internet : www.nuitblanchemetz.com – courriel Tous droits réservés, © La Plume Culturelle | 2007 - 2011.


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