à 09:50:00, 28.07.2011
Inscrite dans la mémoire locale comme « le lieu où l'on massacre », en référence à l'histoire des 140 hommes qui, en 1898, ont été victimes de deux lions anthropophages, la plaine du Tsavo a suscité la fascination de notre Lorrain, au point d'être le premier en France à fournir un ouvrage de référence sur le sujet. Un livre historique haletant qui s'inscrit dans une démarche de conservation de la biodiversité et de soutien humanitaire aux populations locales. Un goût prononcé pour le mystère et un vif intérêt pour l'histoire incitent ce passionné de fauves à réinterroger un épisode qui compte parmi les plus tragiques et insolites de toute l'histoire du continent noir. Michel Louis raconte dans « Terreur dans la Brousse » l'histoire de lions, 1,92 mètres sans la queue, mangeurs d'hommes, telle que l'ont vécue il y a plus d'un siècle population swahilie, ouvriers indiens et colons britanniques. Michel Louis, historien, sociologue ou anthropologue ? Avant tout, le spécialiste des fauves se poste en historien dont l'objectif s'inscrit dans « une volonté de coller à la vérité historique et de délivrer un message concret, réel et crédible dans le même esprit que la Bête du Gévaudan », ( le premier ouvrage publié en 1992 par le créateur du zoo d'Amnéville ndlr). Ce sont l'ouvrage du colonel Patterson, les recherches sur de nombreux ouvrages consacrés à l'histoire du Kenya et à la construction du chemin de fer en Afrique orientale ainsi que les études effectuées par le Field Museum de Chigaco qui ont nourri son récit. Auquel on peut ajouter les nombreux voyages au Kenya sur la piste des lions tueurs d'hommes. Un récit historique pour une responsabilité collective de la tuerie des lions A travers « Terreur dans la brousse » Michel Louis nous emmène au XIXème siècle lors du partage du continent africain par les puissances coloniales européennes. Dans les bureaux de l'adminitration anglaise, de hauts fonctionnaires réussissent à imposer au Parlement le lancement d'un chantier immense, celui de la construction en un temps record d'une ligne de chemin de fer reliant Mombasa à l'Ouganda et consolidant ainsi la suprématie anglaise. Le chantier prenant du retard, le sergent-major et ingénieur militaire Patterson, mandaté par la Bristish East Compagny, est envoyé sur les lieux. 140 hommes environ périssent dévorés par deux lions anthropophages dans la plaine du Tsavo avant que le courageux commandant ne les abatte tous les deux. Le grand félidé est-il responsable de ce massacre ? Le spécialiste des fauves explique les raisons de cette tuerie : « d'abord le climat très dur rend les fauves agressifs. Ensuite les trafiquants d'esclaves abandonnaient les hommes trop faibles pour continuer, et la peste bovine a envahi les lieux. Ajoutez à cela l'arrivée d'ouvriers sur le chantier », et voilà toutes les conditions requises pour que l'animal, par nature paresseux et peu belliqueux sauf en cas de vieillesse ou par instinct maternel, devienne agressif et dangereux. La catastrophe de Tsavo « le lieu où l'on massacre », est donc imputable à la responsabilité collective de l'homme dans l'histoire, car on a fait des lions « des mangeurs d'hommes ». Tel est le message essentiel de l'ouvrage de Michel Louis, « Terreur dans la brousse ». Une démarche humaniste En annexe de son ouvrage, Michel Louis réfléchit en sociologue aux solutions de compensation qu'un programme de conservation des espèces peut trouver pour les populations locales. Comment exiger d'une population qu'elle renonce à l'exploitation des zones protégées et à la chasse, alors même qu'on ne lui offre pas de moyens de subsistance dignes ni de conditions sanitaires décentes ? La question posée en conclusion révèle que la dégradation de l'environnement est un problème politique. En effet, la population s'accroît, la pauvreté se développe et les problèmes sanitaires aussi. Selon Michel Louis, comme les politiques de développement semblent inappropriées et les infrastructures de santé insuffisantes, la nature se dégrade inévitablement. Notre protecteur de la faune et la flore aide les populations locales à « avoir une vie plus saine en leur apportant de l'eau propre »,déclare-il. Cet ouvrage s'inscrit selon lui autant dans un rappel de l'histoire des lions que dans un soutien aux populations locales, lequel se matérialise par une gestion des conflits sur le terrain entre l'homme et l'animal. Michel Louis met en garde le lecteur sur certains dangers de l'humanitaire et de la conservation du milieu ou des espèces qui pourraient tendre à revenir à l'époque coloniale. Qu'on ne s'y méprenne pas, Michel Louis est un homme engagé, autant dans les pays en voie de développement pour la paix et la conservation de l'espèce animale, qu'en Lorraine pour la pérennité du zoo d'Amnéville. A découvrir: - L'ouvrage « Terreur dans la brousse » de Michel Louis chez notre partenaire Amazon.fr Tous droits réservés, © La Plume Culturelle | 2007 - 2011.
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